jeudi 24 mai 2012

« UNE TERRIBLE BEAUTE EST NEE » La « petite œuvre » d’Edward Munch qui était exposée au centre Pompidou mériterait bien cette appellation extraite d’un poème de Yeats.

 La toile se nomme : « Neige fraiche sur l’avenue. 1926. » Elle n’est pas grande (80 x 100 cm) Elle est très belle Elle inaugure la nouvelle peinture
 Elle est là, cette beauté terrible. Je ne l’avais encore jamais remarquée, saoulée que j’étais par ce « CRI » sans fin qui hurle sans pudeur sur tous les ponts, tous les murs.
 Elle s’étale sous nos yeux dans son éblouissante blancheur. Munch à lui tout seul ouvre grandes les portes à Matisse, Seurat, Monet, Picasso. Lui, le fou, l’oublié, l’avare de sa peinture qui repeignait encore et encore ses tableaux avant de s’en séparer. Tellement fasciné et si obsédé par son image qu’il se photographiait et se repeignait sans fin, portrait après portrait.
 Et je sentis que sa peinture, toute sa peinture, était un long « CRI » infini. La contemplation de ses toiles n’est pas recommandée aux personnes sensibles (semblables à Munch) :
- Les enfants mourants: sa sœur tuberculeuse
- Les veillées funèbres: toute la famille éplorée autour du lit de mort de sa mère. (Il avait 5 ans)
- La hantise de la folie de son père
- Toutes ces personnes terrorisées, hurlantes, les yeux exorbités, spectres crachant leur sang
Pour cette fois, faites vous violence: prenez votre temps, le temps de regarder tomber cette neige, d’écouter le crissement des pas de ces deux personnes qui semblent vouloir sortir de la toile au premier plan. Laissez-vous surprendre par la fraicheur des flocons qui se posent sur votre visage et que ce froid et ces couleurs vous soient bénéfiques.
 « Le temps passe si vite… » Voilà que la fabuleuse, la terrifiante exposition d’Edvard MUNCH (prononcer « mounk », il est Norvégien) est déjà terminée avant que j’aie pu vous en parler. Fort heureusement vous pouvez aller faire votre choix sur YOUTUBE. Quant à moi j’ai privilégié les documentaires sans commentaires, sans autre commentaire que la musique.
 Je vous recommande surtout « Munch, la danse de la vie » - film 1973 - sur AlloCiné. Une biographie très subjective des jeunes années du peintre norvégien expressionniste Edvard Munch, aux prises avec les conventions de la société... Réalisée par Peter Watkins, avec Geir Westby, qui présente une ressemblance quasi miraculeuse avec le jeune Munch.
 Vous trouverez aussi sur le net une grande quantité de commentaires sur sa célébrissime toile : « Le cri » Voici ce qu’il en dit lui-même :
 « je longeais le chemin avec deux amis. C’est alors que le soleil se coucha. Le ciel devint tout à coup rouge couleur sang. Je m’arrêtai et m’adossai épuisé à mort contre une barrière. Le fjord d’un noir bleuté et la ville étaient inondés de sang et ravagés par des langues de feu. Mes amis poursuivirent leur chemin tandis que je tremblais encore d’angoisse. Et je sentis que la nature était traversée par un long cri infini >>
 Au centre Pompidou une pièce entière est consacrée aux peintures de son œil malade! Et parmi ses dernières toiles, à la fin de sa vie, à la fin de l’expo, lui-même ravagé par la fièvre espagnole, ou encore debout à coté de son lit de mort.
Ses relations avec les femmes nous montrent un être agressif et épouvanté, ne parvenant pas à prendre la moindre distance avec l’image torturante de sa mère torturée, comme lui, par le souvenir du cadavre exsangue de sa petite sœur.
Heureusement lui est très beau, et il n’a pas hésité à le proclamer en se photographiant lui-même, de face et surtout de profil (germanique) à bout portant et à bras tendu (dans l’exposition du centre Pompidou, une salle entière était consacrée à ses autoportraits photographiques. Il s’est aussi filmé lui-même dès que sont arrivées sur le marché les premières petites caméras américaines Pathé-Baby. On pouvait voir des extraits de ses films dans la petite salle de projection de l’exposition.
Edward Munk est né en Décembre 1863 et il est mort en Janvier 1944. Son travail avait été qualifié de « dégénéré » par les nazis. Le 2 Mai prochain « Le cri » sera mis en vente aux enchères à New York. Son prix : environ 800 Millions de dollars. Il est aussi populaire que « La Joconde », souligne Sotheby’s …

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